Glossaire / Glossar: Cicatrices / cicatrisation versus Narben / Heilungsprozess
Catégorie d'article: Editorial
Publié en ligne: 09 oct. 2021
Pages: 147 - 148
DOI: https://doi.org/10.2478/sck-2021-0017
Mots clés
© 2021 Gilles Buscot et al., published by Sciendo
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Le terme de « cicatrice » (
C’est une question à laquelle les artistes apportent un foisonnement de réponses possibles quand ils consacrent leurs œuvres à de telles « cicatrices » qui sont représentées, gardées, transposées, transmises dans les arts et grâce à eux. Elles font l’objet d’une esthétisation si elles sont par exemple transposées en chansons et en poésies, en tableaux, en sculptures, en films ou en photographies, en romans ou en bandes dessinées. Bien loin de signifier un embellissement, l’esthétisation de ces cicatrices signale partout que les souffrances se partagent encore et toujours. En effet, aptes à graver dans le marbre aussi bien les réalités factuelles que les sentiments et les émotions, les arts expriment la permanence de ces souffrances. La cicatrisation n’est pas l’équivalent d’une régénération totale et entière.
Dans certains cas, les cicatrices sont comparables à des « stigmates » (
Quand leurs configurations sont matérielles, elles se présentent sous forme de « lézardes » (
Dans le cas de la Première Guerre, un processus de cicatrisation matérielle s’amorce vers le milieu des années 1920, et assez nettement en 1929, dix ans plus tard : les mêmes scènes de guerre, les mêmes images de destruction, si elles sont réemployées et réactivées, s’accompagnent dorénavant d’une ritualisation dans les hommages rendus aux victimes : aux mélodies martiales des chansons succèdent souvent un rythme lent et mélancolique – mais parfois aussi des chansons entraînantes à l’humour corrosif ; aux cicatrices matérielles – amas de gravats, tombes provisoires – succèdent une mise en perspective et un cadrage des lieux de commémoration, monuments aux morts, stèles, mausolées, publication de témoignages, tous érigés en gardiens du souvenir… Cicatriser impliquera non pas l’oubli des dégâts humains et matériels, mais un processus de « restauration » (
Quand on s’approche du centenaire, ce processus de cicatrisation perdure mais s’enrichit aussi d’un travail sur la (re)constitution de « cicatrices symboliques » (
Ces différentes modalités et phases de cicatrisation par le biais des arts peuvent ainsi être mises en rapport avec les avatars du processus de « réconciliation » (