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LA LIMITE SANS LIMITES QUELQUES RREMARQUES SUE LE PRINCIPE PHENOMENOLOGIQUE DE LA GEGEBENHEIT A L’EPREUVE DU NEOKANTISME

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Quelles sont, s’il en existe, les limites du concept husserlien de Gegebenheit ? Y a-t-il une limite au-delà de laquelle plus rien ne se livre au regard du phénoménologue ? En posant ces questions, nous faisons allusion à une distinction typique du criticisme kantien: « Grenze » ou « Schranke », limite ou borne ? Ces mêmes questions sont reformulées dans une célèbre recension aux Ideen I par Paul Natorp, néo-kantien de Marbourg qui attaque directement la portée illimitée que Husserl donne au principe phénoménologique de l’intuition. D’un point de vue phénoménologique, le talon d’Achille de la méthode critique résiderait pourtant dans l’impossibilité d’accéder par intuition, au-delà des phénomènes, à la chose en soi. Il en résulte une conséquence de taille: la dissolution phénoménologique du « Grenze » prescrit une ouverture sans limites à l’horizon des phénomènes. Mais si nous pouvons parler d’une ouverture sans limites, c’est parce que d’une certaine manière tout se donne à voir. De quel genre de vision s’agit-il ? Et quel type de Gegebenheit est ici à l’œuvre ? La réponse husserlienne tient à la reprise d’un concept, l’« idée au sens kantien », sans sa contrepartie, la « limite », alors que pour Kant aussi bien que pour Natorp c’est précisément le concept de « limite » qui caractérise le statut gnoséologique de l’idée.